GUY TAVERNIER : SOIXANTE ANS DE PASSION,
ENTRE RADIO ET
ENREGISTREMENT SONORE
GUY TAVERNIER
est dŽcŽdŽ ˆ son domicile , ˆ PARIS, le 23 dŽcembre 2009
ou les quatre chances qui orientrent sa vie vers la
Radio
L'histoire de la vie Radiophonique de Guy TAVERNIER,
administrateur du ComitŽ d'Histoire de la Radiodiffusion et membre du Jury du
Concours Chasseurs de Sons, a ŽtŽ publiŽe dans les cahiers du C.H.R. (n¡ 2
Mars/Mai 1997). Avec l'accord de son auteur, vous trouverez ci-aprs son
tŽmoignage.
Une fascination
pour l'univers radiophonique et pour l'enregistrement sonore se muant en
passion active et continue, paralllement, bient™t, ˆ une carrire d'enseignant,
tel est quant au fond le parcours que retracent ci-aprs les souvenirs de notre
ami Guy Tavernier, actuel prŽsident de l'Association franaise des chasseurs de
son (AFCS). Le dŽbut de ses souvenirs renvoie ˆ l'aura dont, voici quelques
dŽcennies, bŽnŽficiait la Radio (pour respecter la majuscule si rŽvŽlatrice
utilisŽe avec constance par l'auteur). Ces lignes illustrent, en outre, des
aspects parmi les plus attachants du profil de l'amateur - au sens le plus
positif - avec ce que la notion implique ˆ la longue, en sus de la ferveur, de
connaissance ŽclairŽe. Une connaissance acquise par une pratique technique
soutenue, mais aussi, dans l'exemple qui suit, ˆ la faveur de contacts peu ˆ
peu nouŽs avec le monde professionnel cultivŽs assidžment au point d'en devenir
osmotiques. Ainsi peuvent se forger les compŽtences, indŽpendamment des voies
strictement corporatives et acadŽmiques.
1937: UN MERVEILLEUX STUDIO, RUE DE GRENELLE
C'Žtait en
Janvier 1937.Je n'avais alors que treize ans et le professeur de chant de mon
Žcole Žtait si talentueux dans l'art d'enseigner la musique qu'il avait ŽtŽ
remarquŽ par l'Inspection GŽnŽrale qui le chargea d'assurer sur PARIS PTT une
Žmission hebdomadaire durant le premier trimestre 1937 et intitulŽe : Cours
moyen de musique et de chant choral pour que chantent les enfants de France.
Rien d'Žtonnant que le professeur fžt excellent : il avait un nom prŽdestinŽ,
il s'appelait Weber !Afin d'assurer cette Žmission, il constitua un petit
groupe de six Žlves choisis parmi les meilleurs en chant. Il y avait Jaubert
qui avait - para”t-il - "l'oreille absolue". Il y avait Couturier,
mon ami Jacques MarchaI, qui Žtait excellent en piano, et que j'ai plaisir ˆ
revoir de temps en temps pour Žvoquer nos souvenirs d'Žcole et cette merveilleuse
aventure ˆ PARIS PTT. Il devait y en avoir encore deux autres dont j'ai perdu
le souvenir, et puis il y avait moi qui avais dŽjˆ six ans de piano et de
solfge.
Donc, tous les
mercredis, ˆ 15 heures, M. Weber venait nous extraire de la classe (ˆ cette
Žpoque le jour de congŽ Žtait le jeudi), et nous partions en mŽtro au studio de
Paris-PTT, 107 rue de Grenelle, un peu fiers de cette aubaine !
Il faut dire
que pour un garon de cet ‰gc, qui adorait tout ce qui touche ˆ la Radio
c'Žtait comme un cadeau du ciel. Rendez-vous compte : entrer dans un studio de
Radio (le seul), strictement interdit au public et y venir ˆ titre officiel,
voilˆ qui flattait notre vanitŽ et, en exaspŽrant mon gožt pour la Radio, me
prŽparait, ˆ mon insu, ˆ y Ïuvrer ma vie entire ! De plus, savoir que ce qu'on
dirait au micro serait entendu par la France entire et que mon nom serait
citŽ, m'enchantait.
Aprs avoir
franchi le porche du 107 rue de Grenelle, nous dŽbouchions sur une grande cour
entourŽe d'immeubles d'habitation. A gauche se tenait une sorte de pavillon
hŽrissŽ d'antennes. C'est lˆ que nous entrions dans un tout petit hall formant
salle d'attente (on est loin de la Maison de la Radio !). A droite, une double
porte capitonnŽe, comportant un hublot, permettait l'accs au studio. Elle
Žtait tout prs du coin droit du studio. Au-dessus, un Žnorme feu rouge en
interdisait l'entrŽe. Il y avait des pancartes " Silence " partout!
Notre Žmission
devant commencer ˆ 16 heures 15, nous arrivions largement ˆ l'avance ˆ 16
heures. Elle durait 20 minutes. En attendant notre tour, nous scrutions par le
hublot celui qui, assis ˆ la table du commentateur, le long du mur de droite,
dŽclamait " Papotage " (c'Žtait le titre de son Žmission) en faisant
de grands gestes.
Lorsqu'il avait
terminŽ, le feu devenait vert, puis blanc, et il sortait, un peu ŽchevelŽ, avec
ses papiers sous le bras, tandis que le haut-parleur du hall annonait : "
Vous venez d'entendre les Papotages de Monsieur Georges Lion. Ici Paris-PTT
Radiodiffusion franaise ; ne quittez pas l'Žcoute. " Un mŽtronome
meublait alors ce temps mort afin de montrer que l'Žmission n'Žtait pas coupŽe
! C'Žtait ˆ la fois pittoresque et, il faut bien le reconna”tre, un peu
dŽrisoire ! Certaines fois, au lieu du mŽtronome, on diffusait de la musique
enregistrŽe ˆ partir de disques 78 tours. Pourquoi ce temps mort ? Tout
simplement pour nous permettre d'intŽgrer le studio tout en l'aŽrant, porte
ouverte, car il n'y avait, bien Žvidemment, aucune fentre.
C'Žtait une
grande pice rectangulaire nettement plus longue que large avec des murs tendus
de tapisseries genre toile de jute pour assurer la matitŽ. A droite, donc, la
table du commentateur avec son micro. Au-dessus, trs haut une pendule
Žlectrique ronde. Au-dessus de la porte, une rŽplique de l'Žnorme feu tricolore
extŽrieur. Dans le coin droit, ˆ l'opposŽ de la porte d'entrŽe, une toute
petite cabine vitrŽe en pan coupŽ, o se tenait le speaker de service, assis
sur un fauteuil tournant et rŽgnant sur un micro, une clŽ tŽlŽphonique pour le
couper en cas de toux ou de diffusion de disques, le fameux mŽtronome et, en
angle droit, ˆ gauche, deux tourne-disques 78 tours avec plateaux peu Žpais,
dessus en velours, flanquŽs de deux gros pick-up bien lourds ! C'Žtait lui qui
annonait le titre du morceau, le disque en main gauche et une loupe en main
droite pour mieux lire l'Žtiquette ! En somme le mme homme jouait ˆ la fois le
r™le de speaker, d'opŽrateur, de technicien et sans doute de dŽpanneur car il
ne devait pas y avoir de maintenance!
De rares fois,
le speaker jouait la comŽdie dans une Žmission de thމtre radiophonique et l'on
dit que l'un d'entre eux ayant ˆ dire : " J'en ai parlŽ ˆ MONSIEUR "
(sous-entendu : frre du Roi), aurait dit : " J'en ai parlŽ ˆ MonsieurÉ en
laissant la voix en l'air comme s'il avait subitement oubliŽ le nom de famille
!
Vers le milieu
du studio, un piano ˆ queue et, ˆ gauche, le long du mur du fond, tout un
matŽriel de batterie et une harpe recouverte d'une housse. Au fond, ˆ droite,
un placard (symŽtrique de la cabine speaker), lequel placard portait des
pancartes effrayantes avec ttes de mort et tibias croisŽs et cette mention :
" Danger de mort " ! Il devait y avoir lˆ-dedans des Žmetteurs de
forte puissance pour alimenter les antennes du toit et, je suppose, joindre la
Tour Eiffel pour une Žmission bien plus puissante encore.
Quant aux
micros, ils se tenaient entre la cabine speaker et le piano ; il y avait un
micro sur pied de sol et un micro girafe pour le piano. Rien ˆ voir avec les
micros actuels. C'Žtait le genre de micro suspendu par quatre ressorts ˆ
l'intŽrieur d'un hexagone. Ils avaient la forme d'un petit obus entirement
chromŽ ; c'Žtait superbe et combien intimidant !
Une fois
installŽs autour du micro sur pied, le feu Žtant toujours blanc, la porte
fermŽe, on nous faisait signe (un doigt sur la bouche) de ne plus parler ni
faire le moindre bruit : c'ežt ŽtŽ une hŽrŽsie, voire une profanation qu'il y
ežt de l'ambiance devant le micro (quand on entend tout ce qui se passe
maintenant dans un studio, cela fait sourire !).Alors, le mŽtronome ou la
musique s'estompait, le speaker annonait d'une voix ˆ la fois noble et
d'enterrement : " Ici PARIS PTT Radiodiffusion Franaise. Voici maintenant
le " Cours moyen de musique et de chant choral pour que chantent les
enfants de France " (et le speaker, en disant : " Pour que chantent
les enfants de France " chevrotait en ralentissant pour donner une
certaine noblesse ˆ l'annonce !). Le feu (commandŽ par lui sur une bo”te ˆ
contacts faite de trois boutons-poussoirs: un blanc, un vert, un rouge)
devenait vert puis, trs vite rouge. Alors M. Weber commenait : " La
dernire fois. nous avons.. ". Lorsque le micro Žtait branchŽ, il y avait
dans cette ambiance silencieuse et feutrŽe, comme un enchantement qui planait
au-dessus de nous, qui imposait le respect, et c'Žtait un plaisir dŽlectable
tout ˆ la fois.
"MA MERE M'ƒCOUTE EN CE
MOMENT... "
Une fois, je
devais lire les sept couplets d'une chanson nouvelle, posŽment et d'une voix
claire. J'en Žtais trs fier et je fis promettre ˆ ma mre qu'elle m'
Žcouterait. J'insistai lourdement ! Lorsque le moment de lire ces couplets
arriva, je pensai, en mme temps " Ma mre m'Žcoute en ce moment mme et
ma voix rayonne sur la France entire " PrŽtention, certes, mais bien comprŽhensible
quand on dŽcouvre, sur le tas, cette possibilitŽ merveilleuse - je serais tentŽ
de dire miraculeuse - que donne la Radio : le don d'ubiquitŽ. Cette manire de
lire au micro en pensant ˆ autre chose (je pourrais dire en philosophant !)
Žtait un bon moyen pour buter sur le texte, mais, par chance, je n'ai pas eu
d'incidents d'Žlocution.
J'avais la joie
d'entrer dans des endroits interdits au public. Car si la Radio d'aujourd'hui
lui est largement ouverte, ˆ l'Žpoque elle Žtait trs fermŽe et personne ne
connaissait le studio ni les speakers qu'on imaginait ˆ partir de leur voix et
faussement, en gŽnŽral, car ˆ voix d'or ne correspond pas forcŽment beautŽ
physique ! Que de dŽceptions ont ŽtŽ ŽvitŽes ainsi ! A treize ans, j'avais le
privilge de conna”tre les trois speakers de PARIS PTT : Fernand Cazes ˆ la
voix d'or ; Ben Danou, au dŽbit lent, qui articulait ŽnormŽment, avec un air
d'enterrement et qui speakait Žgalement les ActualitŽs cinŽmatographiques ;
enfin Jean Toscane, ˆ la voix ample et gŽnŽreuse, qui donnait ˆ PARIS PTT toute
sa noblesse, en particulier dans la prŽsentation des concerts.
La rigueur
prŽsidait (ces annonces nous le prouvent), la noblesse de l'expression, la
bonne tenue du langage (pas de laisser-aller linguistique, pas d'argot. pas
d'allusion Žrotique. encore moins pornographique), et le ton posŽ et trs
officiel voulait donner de la France une image prestigieuse. Et tout cela ne
permettait pas de se douter que les moyens Žtaient dŽrisoires ! C'Žtait
l'Žpoque hŽro•que de la Radio. Quelle diffŽrence avec nos stations
d'aujourd'hui o l'on entend tant d'horreurs, tant de propos choquants, tenus
dans un langage empreint de vulgaritŽ, d'obscŽnitŽ, o tout et n'importe quoi
est bon ˆ dire, sans retenue, sans dignitŽ ni pudeur !
Ce furent des
moments forts de ma vie qui sont restŽs gravŽs de manire indŽlŽbile dans ma
mŽmoire. Ils furent si intenses qu'ils marqueront dŽfinitivement mon gožt pour
la Radio et le transformeront en une passion qui durera cinquante ans, au
compte actuel.
UN VIEUX LIVRE ABANDONNƒ SUR UN
TAS DE CHARBON
Quelques mois
aprs PARIS PTT, pendant les grandes vacances de 1937, alors que je venais
d'avoir quatorze ans, je dŽcouvris, en furetant dans la cave du pavillon de
l'oncle et de la tante chez qui je rŽsidais ˆ OrlŽans, un livre rouge et or,
gros comme un dictionnaire moyen format, abandonnŽ sur un tas de charbon, datŽ
de 1898 et intitulŽ "TRAVAIL ET PROGRES". Il avait ŽtŽ nagure dorŽ
sur tranches, mais ce luxe Žtait devenu verd‰tre ! Ds que je l'ouvris, je fus
conquis par le contenu : toutes les techniques modernes dŽbutantes y Žtaient.
Entre autres : le cinŽma, le phonographe, le tŽlŽphone, la photo en couleurs,
la tŽlŽgraphie sans fil et la tŽlŽphonie sans fil..., etc. J'Žtais ravi de nia
dŽcouverte qui me tombait comme un prŽsent du ciel !
Je lus, avec
aviditŽ, tout ce qui concerne le phonographe, plusieurs fois, en dŽgustant
chaque mot et en me dŽlectant du style dŽsuet employŽ comportant maintes
expressions latines, du genre :
sui generis, ad
libitum, ad'hoc, in petto, ex abrupto..., etc. Le style Žtait ˆ la fois
poŽtique et pseudo-philosophique. Par exemple, on trouve pour exprimer qu'on
peut lire un disque et retrouver ainsi le message enregistrŽ : " On dirait
que la matire, devenue vaguement consciente a appris ˆ se souvenir "..
C'Žtait un dŽlice pour moi que dŽ suivre les travaux de Charles Cros et
d'Edison contŽs de cette manire. Bien sžr, ce livre que je rŽvre, tant il m'a
passionnŽ, je l'ai toujours, soixante ans aprs, et lui ai rŽservŽ la meilleure
place dans nia bibliothque : je lui dois bien cela ! La passion pour
l'enregistrement Žtant nŽe en moi, je m'empressais d'assister au dŽfilŽ du 14
juillet 1937 et des annŽes suivantes, non pas pour admirer les soldats qui
dŽifiaient, mais bien pour aller voir les voitures d'enregistrement des Radios
: la Celtaquatre de Radio MonteCarlo dont les deux places arrires Žtaient
transformŽes en studio d'enregistrement avec deux machines de gravure sur
disque Pyral (en vernis Pyrolac).
Des copeaux se
rassemblaient au centre du disque, et si je pouvais en rŽcupŽrer un peu,
j'Žtais aux anges, mais on me mit en garde : c'Žtait trs dangereux car cela
flambait comme du cellulo•d ! Pierre CrŽnesse et d'autres, perchŽs sur les
arbres, commentaient, depuis leur perchoir, le dŽfilŽ.
En 1938. une
publicitŽ dans les pages de Science et vie disait " Enregistrez votre voix
avec I'Egovox " je courus l'acheter. C'Žtait un cornet, muni d'un
diaphragme de phonographe, ŽquipŽ d'un saphir graveur et guidŽ par une vis sans
fin. Le tout posŽ sur un phonographe, enregistrait sur un disque en aluminium.
On relisait avec une aiguille en bambou. C'Žtait nasillard et peu fiable a
dŽraillait souvent !
UNE STATION "COMME SI":
"RADIO 38"
Quelque temps
aprs, dans mon quartier, une boutique de matŽriel radio Radio Papyrus,
proposait ˆ la vente un matŽriel plus sŽrieux un pont de gravure ˆ vis sans fin
mue par des engrenages hŽlico•daux et un graveur Žlectrique du genre pick-up
inversŽ. On gravait sur un disque Pyral avec un burin d'acier et les rŽsultats
Žtaient corrects, la seule difficultŽ provenant du fait que le phonographe
n'avait pas un ressort suffisamment capable de rŽsister aux efforts de gravure
: il fallait le forcer ˆ la manivelle, mais alors la vitesse n'Žtant pas
rŽgulire, il en rŽsultait un pleurage trs insupportable ! Il aurait ŽtŽ
souhaitable, bien Žvidemment, d'acquŽrir un tourne-disques Žlectrique muni d'un
moteur puissant, mais, ˆ quinze ans, il n'y fallait pas penser, la tirelire
Žtait trop maigre pour un investissement pareil !
En 1938, j'eus
Žgalement l'immense chance de recevoir, de la part d'une personne ‰gŽe, amie de
la famille ˆ OrlŽans, un superbe phonographe ˆ cylindres reprŽsentant une lyre,
muni de son pavillon rose en forme de fleur de lotus ; c'Žtait superbe ! En
plus de ce royal cadeau, il y avait un lot important de disques ˆ saphir et de
rouleaux de phonographe dont certains portaient des noms illustres Polin,
Dranem, Mayol, BŽrard de l'Eldorado, Caruso, etc. Mon gožt pour
l'enregistrement, ainsi flattŽ par ce legs, devint extrmement aigu et, joint ˆ
nia passion pour la Radio, me poussa, avec un camarade de mon ‰ge, ˆ "
jouer ˆ la Radio ".. Les jours de congŽ, nous nous enfermions dans la
chambre des parents, nous installions un micro (ˆ charbon) suspendu par quatre
ressorts ˆ un cadre hexagonal, sur un pied de porte-musique. Nous prŽparions
sur une table basse le phonographe PathŽ de la maison, dont on avait remplacŽ
le diaphragme par un pick-up achetŽ au B.H.V. Tout ce matŽriel Žtait reliŽ ˆ
une bo”te ˆ contacts (boite ˆ cigares avec interrupteurs ˆ bascule et feux
rouge et vert) de laquelle partait un fil blindŽ vers la prise P.U. du poste ˆ
lampes De Giallully installŽ dans la salle ˆ manger. C'Žtait en somme un
dispatching bricolŽ par mes soins en m'inspirant de l'expŽrience acquise,
l'annŽe prŽcŽdente, ˆ Paris PlI. Il ne manquait que deux choses l'Žnorme feu
rouge interdisant l'entrŽe du studio et pouvant devenir vert ou blanc et la
pancarte ˆ tte de mort et tibias croisŽs placardŽe sur la cabine de l'Žmetteur
et pour cause il n'y avait pas d'Žmetteur !
Nous avions
baptisŽ notre poste soi-disant Žmetteur Radio 38. Nous annoncions, d'aprs un
programme Žtabli ˆ l'avance, minute par minute, les titres des disques demandŽs
par nos auditeurs imaginaires ; nous faisions des causeries, donnions des
informations, faisions patienter ˆ laide d'un mŽtronome (tout comme ˆ PARIS
PTT) et nous nous amusions beaucoup ˆ tre trs sŽrieux dans nos annonces que
nous faisions d'une voix noble (comme ˆ PARIS PTT). Tout cela marchait fort
bien pour notre plus grande joie, jusqu'au jour o, par malheur, un fil de
terre vint, malencontreusement, toucher la prise P. U. le poste " sauta
" aussit™t, ce qui provoqua une sŽrieuse admonestation paternelle et, de
ce fait. Radio 38 fut mis en demeure de cesser ses Žmissions ! Nous Žtions
consternŽs.
J'avais, depuis
ma plus tendre enfance suivi l'Žvolution des rŽcepteurs que mon pre, fan de
radio, introduisait ˆ la maison le poste ˆ galne avec casque Pival, le poste ˆ
lampes triodes, fonctionnant sur pile sche Mazda, avec des selfs orientables
et un haut-parleur en col-de-cygne Brunet, puis, plus tard, le diffuseur PathŽ,
en forme de c™ne qui Žtait nettement plus musical.
Enfin, vers les
annŽes 30, le poste ˆ lampes, De Giallully sur secteur, avec une ŽbŽnisterie
superbe et une sonoritŽ et une puissance nettement amŽliorŽes.
ENFIN, DU MATƒRIEL SƒRIEUX...
1939 c'est la
guerre ! il ne faut plus espŽrer s'amuser ; plus de matŽriel ˆ acheter, pas
d'argent de toute faon; plus rien ˆ faire qu'ˆ se consacrer sŽrieusement ˆ ses
Žtudes, ˆ Žcouter Radio-Londres avec un cadre antibrouillage et ˆ espŽrer !
1946 mes Žtudes
terminŽes, je deviens professeur de mathŽmatiques dans l'enseignement public ;
la guerre est finie, je gagne donc ma vie ˆ l'Education Nationale, et mes
passions peuvent rena”tre avec d'autant plus d'acuitŽ qu'elles ont ŽtŽ
contraintes au sommeil pendant six longues annŽes ! GrisŽ par l'argent que je
gagne, par la rŽapparition du matŽriel Radio et par la libertŽ enfin retrouvŽe,
j'achte d'un seul coup deux valises de reportage Dual/Carobronze avec tourne-
disques 78/33 tours (dŽjˆ). Le plateau lourd, Žpais, en fonte, gravŽ sur sa
pŽriphŽrie d'un stroboscope double, Žtait superbe, le pont trs sŽrieux ;
c'Žtait un pont Poltz, professionnel, avec graveur P.C. (Pierre ClŽment,
fournisseur de la Radio).
Avec ce
matŽriel, je grave de trs bons et beaux disques d'enregistrement direct (dits
improprement disques souples) que j'achte au moindre prix en prenant des
" dŽfauts d'aspect 2 faces " (parce qu'il y avait deux bulles dans le
vernis soit une bulle par face ce qui abaissait le prix de 40 %). De ce fait,
les disques vierges devenaient abordables pour les amateurs car le prix fort
Žtait trs ŽlevŽ. Les meilleurs Žtaient en aluminium recouvert de vernis
cellulosique (chlorure de polyvinyle). Les moins bons avaient une ‰me de zinc
recouvert du mme vernis, mais en vieillissant, le vernis se dŽtachait du zinc
en lambeaux, ce qui n'arrivait pas avec les ‰mes en aluminium. Je n'achetais
donc que des disques aluminium de 30 cm.
En plus de ces
matŽriels, j'eus l'occasion de rŽcupŽrer une machine de gravure " Le
Discographe Dauphin ", dite professionnelle, mais dont le moteur n'Žtait
pas aussi bon que ceux de Pierre ClŽment car il vibrait beaucoup. Pierre
ClŽment ayant son atelier prs de chez moi. Je devins ami de ce grand
technicien, fournisseur de la Radio (c'Žtait une rŽfŽrence !), trs sŽrieux
exigeant et austre. Il me transforma donc la machine en question en adaptant
un de ses merveilleux moteurs trs ŽquilibrŽs et sans vibrations, ce qui en fit
un matŽriel excellent, le pont Žtant trs bon.
J'Žtais donc,
en 1948, ˆ la tte de trois machines professionnelles de gravure sur disques et
j'enregistrais, pour mon plus grand plaisir, soit en direct, ˆ partir de micros
type radiodiffusion :
55 A-75 A
(dynamiques MŽlodium) - 42 B (ˆ ruban MŽlodium) - LEM (ˆ ruban) - Boule LMT.
soit en copiant des Žmissions de Radio. Les conditions Žtaient rŽalisŽes pour
une troisime chance, la rencontre avec Jean ThŽvenot, ce qui ne tarda pas
puisqu'elle intervint en 1949, ma premire chance ayant ŽtŽ le studio de la Rue
de Grenelle et ma deuxime la dŽcouverte du livre "Travail et
Progrs".
DE " PLACE AUX PARTICULIERS
" AUX " CHASSEURS DE SON"
Je venais tout
juste de m'Žquiper en matŽriel d'enregistrement, quand j'eus le grand bonheur
d'entendre ˆ la RDF (Radio Diffusion Franaise) l'annonce d'une Žmission qui,
durant une journŽe, serait consacrŽe ˆ l'enregistrement sonore et proposŽe par
Jean ThŽvenot et Pierre Brive.
Ce fut pour moi
un dŽlice que d'entendre, au cours de la journŽe en question des cylindres de
phonographe, des disques ˆ saphir, des bo”tes ˆ musique, des enregistrements
plus rŽcents, non plus acoustiques, mais Žlectriques, tout cela accompagnŽ
d'explications techniques passionnantes.
Mon gožt pour
l'enregistrement en fut exacerbŽ. Peu aprs, j'eus connaissance d'une
confŽrence que Jean ThŽvenot donnerait au Club d'Essai sur l'histoire de
l'enregistrement. J'y courus et me dŽlectai de retrouver ce que j'avais lu dans
le livre " Travail et Progrs " et les illustrations sonores de
l'Žmission dont je viens de parler. Le " clou,, ce fut la lecture d'un
cylindre phonographique par un pick-up bricolŽ pour la circonstance par un
technicien gŽnial de la Radio qui s'appelait AndrŽ Farge et que j'ai bien connu
par la suite. Cette lecture Žlectrique non seulement attŽnuait le bruit de
surface important, mais faisait dŽcouvrir des finesses insouponnŽes de
l'enregistrement. C'Žtait merveilleux ! Et, de plus en plus fort, on nous fit
entendre Tino Rossi enregistrŽ Žlectriquement sur cylindre !
A la fin de la
sŽance, aprs avoir demandŽ un autographe ˆ Georges Duhamel qui assistait ˆ la
confŽrence, je demeurai sur place aprs le dŽpart du public, dans l'espoir de
parler ˆ Jean ThŽvenot pour le fŽliciter de sa confŽrence, mais son allure
extrmement noble et un peu hautaine me fit renoncer. J'en Žtais tout contrit I
On m'aurait dit que plus tard je le tutoierais et que je figurerais parmi ses
intimes que je n'aurais pas pu le croire !
Le 9 fŽvrier
1948, commena une sŽrie d'Žmissions hebdomadaires de Jean ThŽvenot "Place
aux Particuliers", devenues, par la suite " On grave ˆ domicile
" sur la Cha”ne Parisienne. On y prŽsentait des enregistrements sur disque
Pyral d'amateurs passionnŽs, et mme, une fois, l'enregistrement avait ŽtŽ
rŽalisŽ sur un morceau de radiographie dŽcoupŽ en forme de disque. C'Žtait pour
le moins Žtrange, mais... a marchait !
Je m'aperus
ainsi que, contrairement ˆ ce que je croyais, je n'Žtais pas seul ˆ avoir le
virus. Jean ThŽvenot invitait tous ceux qui pratiquaient ce hobby ˆ lui Žcrire
ˆ la Radio, mais, timide par nature et complexŽ par une tentative ratŽe de
contact avec lui, je pensai que mes disques n'Žtaient pas dignes des antennes
et je ne me manifestai donc pas.
Plusieurs
Žmissions passrent que j'Žcoutai avec aviditŽ puis, enfin, en me forant un
peu, je fis le premier pas et j'Žcrivis ˆ Jean ThŽvenot. Trs aimablement, il
me convoqua au studio Pistor, 18, rue Franois 1er (la Maison de la Radio
n'Žtant pas encore nŽe, la RDF Žtait dispersŽe dans des h™tels particuliers de
la capitale).
J'arrivai donc
pour 18 heures ˆ ce studio, le cÏur battant, ˆ la fois d'entrer dans des locaux
de la Radio, mais aussi de rencontrer celui qui m'avait tant refroidi quelques
mois auparavant ! Je fus fort courtoisement accueilli et mes disques furent
pris en considŽration et diffusŽs contrairement ˆ toute attente. Quel honneur
et quelle joie ! J'avais vingt-cinq ans et je jubilais comme un enfant !
Je me souvins
alors de PARIS-PTT en 1937 o j'avais ressenti la mme jubilation mais en douze annŽes que de changements : une cabine
technique avec deux graveuses de disques formant meuble, un trs grand pupitre
en U avec quatre tourne-disques ˆ dŽmarrage instantanŽ, deux modulomtres PŽkly, un micro d'ordres, un haut-parleur de
contr™le, une colonne d'amplificateurs, une immense baie vitrŽe donnant sur un
studio spacieux comprenant micro sur pied de sol, micro-girafe, piano ˆ queue,
paravents pour effets sonores, table ronde avec micros tout autour, feux rouge,
vert, orange pour les commandes, etc. Le tout fonctionnant gr‰ce ˆ un
technicien preneur de son et un assistant.
La sŽance
durant de 18 heures ˆ 24 heures, je ne quittai les lieux qu'ˆ la fin, tellement
je m'y trouvais bien !
Le titre de
" On
grave ˆ domicile " fut
bient™t remplacŽ par " Aux quatre vents " pour symboliser la
rŽpartition sur tout le territoire (et mme ˆ l'Žtranger) des amateurs
passionnŽs par l'enregistrement.
Il y eut tant
gens intŽressŽs par cette activitŽ que Jean ThŽvenot eut l'idŽe de les
rassembler dans une mme association. Et c'est ainsi que fut crŽŽe le 18 juin
1949 l'Association des Amateurs de l'Enregistrement Sonore, qui fut baptisŽe
ADAES (pour devenir ensuite AFDERS, soit Association Franaise pour le
DŽveloppement de l'Enregistrement et de la Reproduction Sonore). Enfin, c'est
maintenant I'AFCS, soit l'Association Franaise des Chasseurs de Son.
A cette rŽunion
constitutive qui se tenait Place de la Bourse, je fus Žvidemment prŽsent, ce
qui me confŽra le titre de " membre fondateur " (actuellement
prŽsident de l'AFCS). Il y avait ˆ la table d'honneur des personnalitŽs comme
Henri Laverne (le partenaire de Bach dans les disques de Bach et Laverne), il y
avait Žgalement Pierre-Marcel Ondher qui rgne toujours sur la musique
rŽcrŽative et la musique de genre.
Connaissant
Jean ThŽvenot et le sachant, contrairement aux apparences, affable et humain,
je frŽquentai le studio Pistor rŽgulirement le mercredi de 18 heures ˆ 24
heures. Je n'avais pas toujours de disque ˆ prŽsenter, mais j'y rencontrais des
amis animŽs de la mme passion comme Jan Mees avec qui j'ai fait Žquipe pendant
bien des annŽes. Nous Žtions insŽparables ! Le dimanche, je partais chez lui ˆ
Neuilly avec mes deux valises d'enregistrement sur disque pour graver, dans le
studio qu'il avait amŽnagŽ merveilleusement, des sketches jouŽs par de futurs
grands acteurs, ou bien nous partions faire des reportages enregistrŽs. Nous
f”mes tant que Jean ThŽvenot nous citait sans cesse dans ses Žmissions en
diffusant nos Ïuvres. C'Žtait exaltant. Il me baladait dans sa 4 CV Renault
beige. Nous avions 27 ans et nous Žtions heureux. Nous avons ainsi passŽ une
dizaine d'annŽes de bonheur jusqu'au jour o, devenu PDG des Savonneries
Lever/Astra ˆ Rotterdam, notre collaboration cessa, mais notre amitiŽ demeure
toujours, cinquante ans aprs. Les cartes de vÏux et le tŽlŽphone en
tŽmoignent. Robert Barthes, de la Jeunesse et des Sports, m'introduisit dans
des stages d'Education Populaire o je fis des confŽrences sur
l'enregistrement, semblables ˆ celles de Jean ThŽvenot au Club d'Essai. Je fus
Žgalement embarquŽ comme rŽgisseur du son dans un festival d'an dramatique
d'ŽtŽ qui, de Montauban ˆ Sisteron, en passant par Saint-RŽmy de Provence,
Carcassonne, Mies, Ste et FrŽjus, me fit dŽcouvrir cinq annŽes durant, le
monde du spectacle.
Ainsi le Studio
Pistor Žtait devenu, pour moi, une sorte de salon o je rencontrais des amis et
qui jouait le r™le de dispatching vers des activitŽs nouvelles, niais toujours
en relation avec l'enregistrement...
A force de
frŽquenter le Centre Pistor le mercredi, je devins un aide pour Jean ThŽvenot.
Nous dŽcid‰mes de nous tutoyer et, parfois il me " passait les commandes
" pour prŽparer l'Žmission les jours o il Žtait ˆ l'Žtranger.
Un certain
mercredi de 1954, le disque d'indicatif Žtant trs usŽ, Jean ThŽvenot avait
demandŽ un speaker pour le refaire et ce speaker n'arrivant pas, il me dit :
" Tu as une voix radiophonique, voudrais-tu annoncer le gŽnŽrique de dŽbut
et celui de fin ". Bien que m'Žtant fait arracher une dent ce jour-lˆ, je
fus emballŽ par cette proposition flatteuse et je passai dans le studio pour
enregistrer sur fond de bo”te ˆ musique (l'Estudiantina) l'indicatif en
question. On fit trois essais et on prit le meilleur. C'Žtait la gloire..,
comme en 1937 ˆ Paris-PTT !
LE MAGNƒTOPHONE ARRIVE...
Lorsque le
magnŽtophone arriva dans les studios: Tolana-Motosacoche-Mag-Belin, on me fit
refaire une matrice du mme indicatif et cela dura... quinze ans, jusqu'au jour
o, en 1969, on supprima tous les indicatifs claironnants pour s'aligner sur la
mŽthode Europe 1 : le speaker de service annonant simplement: "Et voici "
Aux Quatre Vents ", Žmission de Jean ThŽvenot. "
Le microsillon
ayant fait son apparition, je fus le premier ˆ passer ˆ l'antenne des disques
amateurs en microsillon, ce qui me valut les fŽlicitations d'Armand Panigel,
animateur de la tribune des critiques de disques.
Dans le mme
temps. je frŽquentais les studios de la Voix de l'AmŽrique, rue Christophe Colomb, et j'Žtais devenu copain avec le
preneur de son qui s'appelait KlŽber Forget. J'Žtais impressionnŽ par les
disques qu'il enregistrait: des 40cm en verre recouvert de vernis, de marque
Presto, amŽricaine Žvidemment. Ils Žtaient enregistrŽs en 33 1/3 tours dŽjˆ
avant que le microsillon n'apparaisse ! Mais les sillons n'Žtaient pas serrŽs
comme dans le microsillon et ils commenaient par le centre. Mon ami KlŽber
Forget me donnait des saphirs de gravure et des disques de 40 cm enregistrŽs,
pour nia collection.
Si le
magnŽtophone Žtait arrivŽ dans les studios, il Žtait Žgalement chez les
particuliers, et je franchis toutes les Žtapes : magnŽto ˆ fil d'acier, fin comme
un cheveu (Polyfil-Webster...). La bobine d'une heure de fil Gilby Fodor, ou
Gilby Wire, comprenait 2 km de fil, dŽfilant ˆ 61 cm par seconde. J'ai encore
une vingtaine de bobines avec la voix de Jean ThŽvenot prŽsidant les AssemblŽes
GŽnŽrales de l'association dans les annŽes 50 ˆ la Phonothque Nationale, et je
possde encore un appareil pour les lire, en parfait Žtat de marche ! C'est
trs Žmouvant de rŽŽcouter ces documents non altŽrŽs malgrŽ leurs quarante-sept
ans d'‰ge!
Puis, ce fut le
magnŽtophone ˆ bande, de papier d'abord (Brushsound Miror) puis ˆ bande ˆ
support vinyl, ou mylar, et enfin la bande actuelle.
Tout cela
amenait une facilitŽ de montage, une meilleure qualitŽ d'enregistrement, une
plus grande durŽe et plus du tout de grattement. C'Žtait un progrs Žnorme!
En 1952
fut crŽŽ par la France et la Suisse le CIMES (Concours International du Meilleur Enregistrement
Sonore). Jan Mees et moi, nous fžmes laurŽats du 2me CIMES. Ce concours existe
toujours, mais il est prŽcŽdŽ du Concours franais des chasseurs de son,
patronnŽ par Radio-France. Il est organisŽ par Paul Robert et Dominique CalaÏ
de Ferluc. Je fais partie du prŽ-jury et du jury. Evidemment, depuis que la
Maison de Radio France existe, c'est lˆ que Paul Robert et Dominique Calace de
Ferluc, aprs la disparition de Jean ThŽvenot en 1983, prŽparent les Žmissions
des Chasseurs de son. En 1967 fut crŽŽ un rallye international, automobile et
magnŽtique : Sur la route de Dijon et ce, jusqu'en 1974.
Paul Robert et
moi partions ˆ Dijon organiser ce rallye, conjointement avec la Radio locale.
Nous remettions
Žgalement les prix aux laurŽats avec Jean ThŽvenot.
En conclusion,
on peut dire que Jean ThŽvenot avait vu juste en crŽant l'Žmission, puis
l'Association, puis le Concours des Amateurs de l'Enregistrement Sonore puisque
cela fait bient™t cinquante ans que les Chasseurs de son peuvent s'exprimer sur
les ondes. Au nom de tous les inconditionnels de l'enregistrement, merci ˆ Jean
ThŽvenot et merci ˆ la Radio.
UNE ENQUETE POUR LA RADIO SCOLAIRE
Lorsqu'en 1956,
Robert Prot demande ˆ Jean ThŽvenot quelqu'un qui s'intŽresse ˆ la Radio et qui
soit dans l'Enseignement, Jean ThŽvenot pense tout de suite ˆ moi (et le studio
Pistor, une fois de plus joue son r™le de dispaching !). Ce fut alors ma
quatrime chance. Contact pris, je me rends au CERT (Centre d'Etudes de
Radio-TŽlŽvision), dans l'immeuble du Club d'Essai, 37, rue de l'UniversitŽ.
L'ambiance extrmement sympathique me met ˆ l'aise. Je serai chargŽ avec un
psychologue de faire une enqute sur la Radio Scolaire, ce qui me pla”t
d'emblŽe vu ma position d'enseignant.
J'ai eu le
plaisir de retrouver Robert Prot ˆ Dijon lors du rallye citŽ plus haut, et nous
avons renouŽ amitiŽ aprs une quinzaine d'annŽes pendant lesquelles nous nous
Žtions perdus de vue.
Devenu
Inspecteur GŽnŽral ˆ l'INA, il m'a invitŽ ˆ venir le voir ˆ son bureau et m'a
offert une collection des cahiers publiŽs par le ComitŽ d'Histoire de la
Radiodiffusion, dont il est membre fondateur, m'incitant ˆ devenir membre de
cette docte assemblŽe, ce que j'ai fait en 1990. Paul Robert, arrivŽ depuis au
CHR, y est un reprŽsentant de plus des Chasseurs de Son. Voilˆ pourquoi le CHR
figure parmi les gŽnŽreux donateurs de prix pour le Concours franais des
chasseurs de son. Qu'il en soit ici remerciŽ bien vivement. Toute ma gratitude
ˆ Robert Prot, qui m'a voulu du bien tout en m'honorant de son amitiŽ.
J'avais pensŽ,
alors que j'Žtais adolescent, qu'exercer un seul mŽtier durant une quarantaine
d'annŽes devait tre bien monotone et qu'il serait plus agrŽable d'en changer
tous les trois ans, ou bien d'exercer plusieurs mŽtiers paralllement, si cela
Žtait possible bien sžr. Ce n'Žtait pas une utopie irrŽalisable puisque la
deuxime solution est venue me combler, sans que je l'aie voulu un seul
instant!
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Pour mŽmoire,
Guy TAVERNIER a participŽ ˆ de nombreuses Žmissions des CHASSEURS DE SONS ainsi
qu'ˆ l'Žmission : TIRE TA LANGUE (Producteur coordonnateur : Antoine Perraud.),
dont le thme Žtait : Qu'Žtait-ce qu'un speaker? par Sophie Pillods. Avec les
voix de Jean Toscane, du professeur FouchŽ, du professeur Dauzat, Pierre
Mazard, Yves Grosrichard, BŽatrice Dussane, Marcel Laporte dit Radiolo, Pierre
Schaeffer, Roland Dhordain, Jacques Lerat (documents Ina de 1947 ˆ 1984), avec
les tŽmoignages de Guy Tavernier (dŽjˆ citŽ) et de Jacques Chardonnier, du
ComitŽ d'histoire de la radio. RŽalisation: Medhi El Hadj et Franois Caunac.
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Guy TAVERNIER
nous a quittŽ le monde des chasseurs de sons le 23 dŽcembre 2009, il repose
dŽsormais au cimetire du Pre LACHAISE
(secteur 81) depuis le 29
dŽcembre 2009.
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Article sur les
chasseurs de sons publiŽ dans LE
FIGARO du 18 Aožt 2000
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